L'échelle alarme détresse bébé


Le concept de retrait relationnel précoce

La première description clinique du comportement de retrait durable chez le jeune enfant en dehors de l’autisme appartient à Engel et Reischman, en 1956, avec le cas célèbre de Monica, âgée de 18 mois.

Atteinte d’une fistule œsophagienne et nourrie par sonde en attendant le rétablissement de la continuité digestive, Monica souffre de relations très perturbée avec sa mère.

Celle ci est très gênée par la sonde, et elle est aussi très déprimée, isolée et maltraitée par son mari.

Monica est hospitalisée dans un état sévère de retrait et d’anorexie avec un retard staturo-pondéral et développemental sévère.

Cependant elle développe un attachement de plus en plus net vis à vis de son médecin et son évolution ultérieure favorisée par celle de sa mère et de leur relation sera plutôt positive et sera suivie par Engel pendant 25ans.

Engel et Schmale proposent que la réaction de conservation/dépression retrait de l’énergie soit un processus défensif de base pour conserver l’énergie dans les situations critiques.

Fraiberg avait décrit un mécanisme de défense analogue, le figement, observé dès l’âge de trois mois chez des enfants soumis à des situations relationnelles très pathologiques.

Menahem décrit deux cas de retrait intense chez des enfants avec un retard de croissance sévère.

Le retrait est un élément majeur de la réponse du bébé de deux à trois mois à l’altération de la relation qui se produit lors de l’expérience du visage immobile ou en clinique lors de la dépression maternelle.

Le comportement de retrait est aussi l’un des plus stables, au cours du développement, malgré les changements majeurs qui se produisent dans les trois premières années de la vie.

Le comportement de retrait relationnel précoce est donc un signal d’alarme important.

Le répertoire défensif du bébé est en effet initialement assez limité, et se centre surtout autour de la protestation et du retrait.

Le retrait est plus difficile à repérer que la protestation, et pourtant il intervient dans de nombreuses situations de la psychopathologie précoce, de façon manifeste ou accessoire, qu’il s’agisse de troubles causés d’abord par un trouble relationnel, ou par un trouble organique, comme dans la douleur intense et durable.

La réaction de retrait prolongé de l'enfant est un élément essentiel de la clinique de la plupart des grands ensembles diagnostiques de la petite enfance :

dépression, troubles envahissants du développement, troubles de l'attachement, troubles anxieux, syndrome post-traumatique, troubles sensoriels... 

La réaction de retrait est donc un élément d'alarme essentiel auquel le pédiatre ou la puéricultrice doivent porter une attention toute particulière au cours de l'examen de routine du bébé.